Les professionnels des médias doivent s’arrimer aux nouveaux
modes de l’information et de la communication imposés par l’Internet, a indiqué
Jean-Claude Nkou, Consultant en communication politique, Stratège Internet et
nouveaux médias, également Directeur général de Congo-Site Internet . Il s’est
exprimé le 18 janvier 2013 à Brazzaville, au cours d’une conférence-débat qu’il
a organisée sur le thème : «Pouvoirs et liberté de la presse à l’ère de l’Internet
et des médias sociaux».
Depuis plusieurs années, la révolution
numérique ne cesse d’influencer le monde, notamment avec l’Internet. Dans le
secteur de l’information et de la communication, un secteur en mouvement et
toujours à la recherche de l’innovation, on assiste à l’explosion des médias et
la disparition d’autres.
Dans sa communication, Jean-Claude Nkou a
souligné l’impact sans précédent de l’Internet, et la révolution numérique qui
l’accompagne, sur les domaines du journalisme, de la presse et de la
communication. L’Internet et la révolution numérique ont conduit à une sorte de
communication libre et ouverte, qui est en train de se placer au-dessus de tout
contrôle. En effet, un flot d’informations en prévenance des quatre coins du
monde est déversé sur Internet à un niveau et avec une rapidité jamais égalée
par les journaux, radios et télévisions. En plus de consommer l’information,
chaque internaute peut désormais en produire, provoquant ainsi un mélange de
genre entre les sources des professionnels (journalistes) et d’autres sources,
appelé «médias sociaux», c’est-à-dire des sources d’amateurs comme les blogs ou
sites Internet personnels.
L’on constate que la déclinaison du
moteur de recherche Google, sur l’information, Google News, présente sans
distinction des articles de presse, des webzines ou des blogs. La conséquence
est que, non seulement les médias traditionnels ne sont plus seuls à produire l’information,
mais aussi tout citoyen s’autoproclame journaliste, critique l’information, la
fabrique et la diffuse. Ce phénomène d’autopublication est sans doute le plus
difficile à vivre pour les médias traditionnels.
Selon Jean-Claude Nkou, quoique parfois
utiles aux journalistes, les informations en provenance des blogs ou des médias
sociaux sont à prendre avec beaucoup de prudence, tant les risques de
manipulation sont réels, le recours à la rumeur facile. Le journaliste doit
recouper ses informations et veiller à ne pas confondre proximité et convenance
avec sources, a dit en substance le conférencier.
Il a souligné la nécessité de restaurer l’autorité
de la presse (en tant que 4ème pouvoir) et celle d’une opinion publique, plus
autonome, plus sélective et plus critique. Pour y parvenir, les professionnels
des médias doivent maîtriser les B.a.-ba du métier de journaliste, car ce métier
a ses contraintes, parmi lesquelles la vérification des sources d’informations.
Retour aux fondamentaux du professionnalisme journalistique
Face à une offre médiatique qui s’est démultipliée,
la profession de journaliste est devenue de plus en plus hétérogène, ses métiers
éloignés les uns des autres en terme de contenu et d’objectifs. Jean-Claude
Nkou a invité les professionnels des médias au retour au fondamentaux du
professionnalisme journalistique, à s’approprier les outils des nouvelles
technologies de l’information et de la communication et à devenir des
cyberjournalistes.
Il ne suffit plus d’avoir été à l’école
du journalisme et de savoir écrire un article pour être un vrai journaliste. Il
faut également être capable d’utiliser les outils du numérique : savoir filmer,
savoir travailler les photos, savoir utiliser un logiciel spécifique pour insérer
les articles sous toutes les formes (textes, images, sons, vidéos) ; bref, être
polyvalent. Ecrire par exemple pour un média d’information sur Internet, où l’actualité
est mise en ligne de façon instantanée, nécessite d’être au fait des événements.
Ainsi, le webrédacteur doit faire preuve d’une rapidité d’écriture et d’un
esprit d’analyse, de critique et de synthèse.
Jean-Claude Nkou a indiqué que les médias
traditionnels devraient aussi «se numériser» et aller vers une formule bimédia ou
multimédia, donc une fusion du son avec l'image et l'écrit. Autant dire, trois
métiers différents et beaucoup de compétences nouvelles à acquérir. Aux USA déjà,
les journaux comme Wall Street Journal, Financial Times et Daily Telegraph ont
fusionné leurs rédactions web et papier. En France, La Tribune et Libération
ont fait au tant. En République du Congo, Les Dépêches de Brazzaville, La
Semaine Africaine et Le Choc sont passés du papier au web, même si Le Choc
n'arrive pas toujous à s’affirmer. L'idée n'est pas de fondre les équipes
Internet et papier, mais d'établir une complémentarité entre les deux supports,
pour aller vers l’information en continu.
Cependant, cette course à l’information
ne doit pas donner droit au libertinage. Les professionnels des médias doivent être
conscients de leurs responsabilités devant le public, se mobiliser au tour des
notions d’exigence et de crédibilité. Certes, l’influence du pouvoir, de l’argent,
etc., est très forte sur les journalistes, mais ils doivent défendre leur métier.
En conclusion, face aux mutations apportées
par l’Internet, Jean-Claude Nkou propose : les médias traditionnels et les
professionnels de l’information et de la communication doivent «réussir le
passage du canard à la souris» ; les faiseurs de l’actualité dont les médias
doivent désormais professionnaliser leur communication et apprendre à maîtriser
les outils et les techniques médiatiques ; les lecteurs doivent apprendre à
faire le tri dans la masse faramineuse des informations qui leur sont servies
et séparer le bon grain de l’ivraie ; les cyberjournalistes doivent faire un
retour aux fondamentaux du professionnalisme journalistique.