lundi 21 janvier 2013

Journalistes et médias traditionnels appelés à s’adapter aux mutations de l’Internet



Les professionnels des médias doivent s’arrimer aux nouveaux modes de l’information et de la communication imposés par l’Internet, a indiqué Jean-Claude Nkou, Consultant en communication politique, Stratège Internet et nouveaux médias, également Directeur général de Congo-Site Internet . Il s’est exprimé le 18 janvier 2013 à Brazzaville, au cours d’une conférence-débat qu’il a organisée sur le thème : «Pouvoirs et liberté de la presse à l’ère de l’Internet et des médias sociaux».
Depuis plusieurs années, la révolution numérique ne cesse d’influencer le monde, notamment avec l’Internet. Dans le secteur de l’information et de la communication, un secteur en mouvement et toujours à la recherche de l’innovation, on assiste à l’explosion des médias et la disparition d’autres.

Dans sa communication, Jean-Claude Nkou a souligné l’impact sans précédent de l’Internet, et la révolution numérique qui l’accompagne, sur les domaines du journalisme, de la presse et de la communication. L’Internet et la révolution numérique ont conduit à une sorte de communication libre et ouverte, qui est en train de se placer au-dessus de tout contrôle. En effet, un flot d’informations en prévenance des quatre coins du monde est déversé sur Internet à un niveau et avec une rapidité jamais égalée par les journaux, radios et télévisions. En plus de consommer l’information, chaque internaute peut désormais en produire, provoquant ainsi un mélange de genre entre les sources des professionnels (journalistes) et d’autres sources, appelé «médias sociaux», c’est-à-dire des sources d’amateurs comme les blogs ou sites Internet personnels.

L’on constate que la déclinaison du moteur de recherche Google, sur l’information, Google News, présente sans distinction des articles de presse, des webzines ou des blogs. La conséquence est que, non seulement les médias traditionnels ne sont plus seuls à produire l’information, mais aussi tout citoyen s’autoproclame journaliste, critique l’information, la fabrique et la diffuse. Ce phénomène d’autopublication est sans doute le plus difficile à vivre pour les médias traditionnels.

Selon Jean-Claude Nkou, quoique parfois utiles aux journalistes, les informations en provenance des blogs ou des médias sociaux sont à prendre avec beaucoup de prudence, tant les risques de manipulation sont réels, le recours à la rumeur facile. Le journaliste doit recouper ses informations et veiller à ne pas confondre proximité et convenance avec sources, a dit en substance le conférencier.

Il a souligné la nécessité de restaurer l’autorité de la presse (en tant que 4ème pouvoir) et celle d’une opinion publique, plus autonome, plus sélective et plus critique. Pour y parvenir, les professionnels des médias doivent maîtriser les B.a.-ba du métier de journaliste, car ce métier a ses contraintes, parmi lesquelles la vérification des sources d’informations.

Retour aux fondamentaux du professionnalisme journalistique
Face à une offre médiatique qui s’est démultipliée, la profession de journaliste est devenue de plus en plus hétérogène, ses métiers éloignés les uns des autres en terme de contenu et d’objectifs. Jean-Claude Nkou a invité les professionnels des médias au retour au fondamentaux du professionnalisme journalistique, à s’approprier les outils des nouvelles technologies de l’information et de la communication et à devenir des cyberjournalistes.

Il ne suffit plus d’avoir été à l’école du journalisme et de savoir écrire un article pour être un vrai journaliste. Il faut également être capable d’utiliser les outils du numérique : savoir filmer, savoir travailler les photos, savoir utiliser un logiciel spécifique pour insérer les articles sous toutes les formes (textes, images, sons, vidéos) ; bref, être polyvalent. Ecrire par exemple pour un média d’information sur Internet, où l’actualité est mise en ligne de façon instantanée, nécessite d’être au fait des événements. Ainsi, le webrédacteur doit faire preuve d’une rapidité d’écriture et d’un esprit d’analyse, de critique et de synthèse.

Jean-Claude Nkou a indiqué que les médias traditionnels devraient aussi «se numériser» et aller vers une formule bimédia ou multimédia, donc une fusion du son avec l'image et l'écrit. Autant dire, trois métiers différents et beaucoup de compétences nouvelles à acquérir. Aux USA déjà, les journaux comme Wall Street Journal, Financial Times et Daily Telegraph ont fusionné leurs rédactions web et papier. En France, La Tribune et Libération ont fait au tant. En République du Congo, Les Dépêches de Brazzaville, La Semaine Africaine et Le Choc sont passés du papier au web, même si Le Choc n'arrive pas toujous à s’affirmer. L'idée n'est pas de fondre les équipes Internet et papier, mais d'établir une complémentarité entre les deux supports, pour aller vers l’information en continu.

Cependant, cette course à l’information ne doit pas donner droit au libertinage. Les professionnels des médias doivent être conscients de leurs responsabilités devant le public, se mobiliser au tour des notions d’exigence et de crédibilité. Certes, l’influence du pouvoir, de l’argent, etc., est très forte sur les journalistes, mais ils doivent défendre leur métier.

En conclusion, face aux mutations apportées par l’Internet, Jean-Claude Nkou propose : les médias traditionnels et les professionnels de l’information et de la communication doivent «réussir le passage du canard à la souris» ; les faiseurs de l’actualité dont les médias doivent désormais professionnaliser leur communication et apprendre à maîtriser les outils et les techniques médiatiques ; les lecteurs doivent apprendre à faire le tri dans la masse faramineuse des informations qui leur sont servies et séparer le bon grain de l’ivraie ; les cyberjournalistes doivent faire un retour aux fondamentaux du professionnalisme journalistique.


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