mardi 23 octobre 2012

La presse brésilienne a abandonné Google Actualités


Article publié le : mardi 23 octobre 2012
RFI
Depuis environ un an, les quotidiens brésiliens ont décidé de quitter Google News. Cette démarche a fait suite à une recommandation de l’ANJ, l’association nationale des journaux qui regroupe 90% de journaux du pays, soit 154 quotidiens. Cette décision n’aurait d’ailleurs modifié l’audience sur Internet de ses sites que de moins de 5%, selon un de ses représentants.
C’est une première qui pose pas mal de questions sur l’avenir du modèle économique de la presse mondiale à l’heure du numérique. Dans une décision inédite, prise maintenant depuis presque un an, les quotidiens brésiliens se sont retirés en bloc de Google News et cela se passe plutôt bien, selon Ricardo Pedreira, directeur exécutif de l’ANJ, association brésilienne qui regroupe la plupart des quotidiens du pays.
Cerise sur le gâteau, cette débandade n’aurait impacté que très discrètement l’audience des journaux sur Internet : moins de 5%, selon les estimations de l’association. Google avait de son coté estimé la chute à 25%, selon des chiffres extra-officiels qui avaient circulé dans l’entreprise.
« Une petite perte par rapport à la valeur de nos marques et à nos droits d’auteurs »
Pour en arriver là, le comité des stratégies digitales s’était penché sur une pile d’études sur le référencement et l’audience. En fin de compte, l’ANJ avait constaté qu’il était plus rentable de quitter Google News si l’entreprise refusait de payer le contenu des quotidiens mis en ligne. Pire, le site « capturait » l’audience des sites sur Google Search. « Finalement, les 5% sont une petite perte par rapport à la valeur de nos marques et à nos droits d’auteurs », a expliqué à RFI Ricardo Pedreira, directeur exécutif de l’association.
La recommandation aux quotidiens de se retirer complètement
Avant de quitter définitivement Google News, les quotidiens avait signé un accord en 2010 avec l’entreprise, selon lequel seulement une ligne des articles référencés serait disponible sur le site. L’expérience, explique M. Pedreira, visait à attirer des lecteurs vers le site original. Peine perdue. La plupart des internautes se contentaient du résumé offert par Google, ce qui se traduisait par une perte d’audience. Le comité de stratégie digitale a donc fait la recommandation aux quotidiens de se retirer complètement du site, ce qui a été accepté en 2011.
« Les journaux au Brésil sont contre cette stratégie du tout gratuit »
Le représentant de l’ANJ précise que les contenus produits exclusivement sur Internet continueront à être disponibles sur Google News. C’est le cas de l’entreprise Globo, qui a exclu son quotidien imprimé O Globo du site, dont l’accès est payant, mais a maintenu le portail spécifique à Internet. « Les journaux au Brésil, à l’instar des quotidiens dans le monde, sont contre cette stratégie du tout gratuit. C’est le modèle du New York Times », explique-t-il.
« Taxer un chauffeur de taxi qui emmène un touriste à un restaurant »
Dans un communiqué distribué à la presse, Google Brésil affirme « travailler à procurer un contenu de qualité à ses utilisateurs, et les quotidiens peuvent décider d’être ou pas sur Google News ». Mais la véritable réponse a été donnée par le représentant de Politiques Publiques de Google, Marcel Leonardi, lors de la 68e Assemblée Générale de la Société Interaméricaine de la Presse, qui a eu lieu du 12 au 16 octobre au Brésil. Selon lui, demander que Google paie pour les contenus équivaut à taxer un chauffeur de taxi qui emmène un touriste à un restaurant.

lundi 22 octobre 2012

Les Assises du journalisme: à quoi sert ce métier?


Publication: 02/10/2012 - Le Huffington Post‎
Par   Pierre Rigo

Journaliste
C'est vrai ça... Que donnerait la vie sans journaux, sans radio, sans journal télévisé? Le journalisme est-il aussi utile que ça? On gagnerait en tranquillité sans toutes ces alertes sur nos smartphones, non?
"Un monde sans journalistes", c'était justement le thème de la première édition des Assises du journalisme, à Lille, en 2003, et déjà à l'époque mes confrères n'étaient pas les "héros de la nation".
Encore aujourd'hui, nous sommes autant critiqués que les sélectionneurs de l'équipe de France de football. Et pour s'en rendre compte, rien de tel que de regarder un journal télévisé avec ses amis:
"Franchement ils parlent tous de la même façon"; "Non mais ils sont allés la chercher où cette histoire?"; "Il y a encore des gens qui meurent de faim dans le monde... J'en ai rien à faire du sabotier du Tarn"; "Vous êtes tous les mêmes de toute façon"; "Je t'aime bien hein, mais tu peux m'expliquer pourquoi tu fais des sujets nuls comme ça?"; "Non mais ça vaut pas France Inter"
Depuis un quart de siècle, le quotidien La Croix prend le pouls de cette relation entre citoyen et médias, et en 2012, à peine un Français sur deux déclarait faire confiance aux journalistes. Alors que la radio reste le média préféré en France, Internet gagne progressivement les faveurs des lecteurs: disponible partout et tout le temps, sur une multitude de supports (téléphone, tablette, ordinateur), l'information devient portable, mouvante.
Aujourd'hui c'est le grand défi de la presse écrite: trouver les moyens de continuer à informer, tout en s'adaptant à des supports qui se multiplient. Le Spiegel, The Guardian, El Pais, Le Monde, le New York Times... aujourd'hui aucun titre n'a trouvé la solution. Ils tâtonnent, essaient de combiner cette presse écrite, ces journaux imprimés, avec cette grande cour de récréation qu'est Internet.
Et cette réflexion permanente, dans les open space du monde entier, a fait l'objet d'un documentaire: Page One Inside dévoile les coulisses du New York Times, l'un des plus prestigieux journal, lui aussi confronté aux défis de l'information sur le Net.

L'Internet sauvera le journalisme algérien

Le culte du gratuit
Internet impose une révolution de l'information. Mais comment la financer? Les annonceurs boudent les publications, les lecteurs achètent de moins en moins le journal, et Internet, toujours ce diable d'Internet, est le royaume du gratuit. Seulement l'information coûte cher à produire.
Il y a un monde entre XXI, les enquêtes d'Envoyé Spécial et le bâtonnage de dépêche, en tout cas du côté du journaliste. Certains lecteurs se contentent d'un gratuit, attrapé à une bouche de métro, sur une place ou sous un abribus. D'autres non.
Dans les rédactions, la crise économique incite à la contraction, peu sont celles qui prennent le risque d'embaucher. Des titres prestigieux -du moins dans les années 1960- disparaissent mais tout n'est pas perdu, loin de là.
Car cette période un peu trouble, c'est aussi l'opportunité pour de nouveaux médias de percer : des pure-players comme Rue 89, Mediapart, Owni, le Huffington Post, Slate..., la multiplication des blogs, les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, qui eux aussi contribuent à façonner une nouvelle information. Si aujourd'hui nous sommes encore dans l'expectative, de peur de tirer trop vite des conclusions, ces nouvelles Assises du journalisme devraient nous permettre d'y voir un peu plus clair dans ce panorama si bouillonnant.
Suivre Pierre Rigo sur Twitter : www.twitter.com/pierrerigo

L'Internet sauvera le journalisme algérien



Il est plus que temps pour les médias en Algérie de développer le créneau du Web, s'ils veulent échapper à toute forme de censure.
Jusqu’à tout récemment, le débat public en Algérie était cantonné aux lieux populaires, le plus souvent des cafés.
Pourquoi? Parce que les médias lourds —radios, télés— qui sont censés porter la voix du peuple sont la propriété du pouvoir, lequel filtre méthodiquement les discours pour n’en retenir que ceux qui ne lui nuisent pas.
Un pouvoir qui, faut-il le rappeler, recourt sans gêne aucune à la censure, dans un pays où la démocratie n’est qu’une illusion de plus, une coquille vide accrochée au fronton de la «République».
Devant cette situation, la presse privée tente de proposer une autre solution et de jouer ainsi son rôle de catalyseur des revendications du peuple.
Mais vite elle prend conscience qu’il existe une ligne jaune à ne pas franchir, et au-delà de laquelle son existence même se retrouverait menacée.
Mais comme la nature à horreur du vide, Internet est arrivé.
Echapper aux ciseaux de la censure
La Toile est devenue ce perchoir relativement libre, offert aux «oubliés» de l’Unique (ENTV) et de ses autres pendants de propagandes d’Etat.
Il suffit d’un caméscope ou d’un téléphone portable pour créer l’événement et échapper aux ciseaux de la censure.
En effet, que ce soit sur Youtube, plateforme pour vidéobloggeurs, Dailymotion, Facebook ou autres blogs classiques, les Algériens ont pris leurs aises dans ces réseaux sociaux pour exercer ce droit de liberté d’expression qu’on leur refuse en Algérie.
Via ce canal virtuel, les Algériens sont devenus, à l’instar d’autres utilisateurs dans le monde, des citoyens journalistes, parfois sans même qu’ils s’en rendent compte.
Internet a révolutionné les médias classiques dans le monde. Qui de nos jours parmi les journalistes du monde occidental, ne tient pas un blog pour servir à ses lecteurs des petites infos croustillantes, des offs, des avant-goûts et des analyses que l’on ne trouve pas forcément en regardant la télévision ou en lisant la presse?
Les journalistes algériens accusent en revanche un retard certain dans ce domaine par rapport à leurs confrères d’outre-mer.
La voie de la liberté
Eux, plus que d’autres, devraient se mettre à la page, car Internet leur offre une tribune ouverte sur le monde pour tenir informer les lecteurs.
Certains de nos journalistes, curieux, s’adaptent à ce mouvement «in» amorcé par des algériens locaux et de la diaspora, en créant des comptes sur des plateformes comme Facebook où toute une communauté DZ (le nom de domaine en Algérie) existe et échange.
Ironie du sort, au lieu de créer le mouvement, nos faiseurs d’opinion suivent le mouvement créé par ceux auxquels ils s’adressent, les lecteurs.
C’est le cas de le dire: c’est bien là l’histoire de l’élève qui dépasse le maître. C’est cela aussi la magie d’Internet.
Fayçal Anseur (Algérie Focus)
Source : Slate Afrique