Il est plus que temps pour les médias en Algérie de développer
le créneau du Web, s'ils veulent échapper à toute forme de censure.
Jusqu’à tout récemment, le débat public en Algérie était cantonné aux lieux populaires, le plus souvent
des cafés.
Pourquoi? Parce que les médias lourds —radios, télés— qui sont censés porter la voix
du peuple sont la propriété du pouvoir, lequel filtre méthodiquement les
discours pour n’en retenir que ceux qui ne lui nuisent pas.
Un pouvoir qui, faut-il le rappeler, recourt sans gêne aucune à la censure, dans un pays où la démocratie n’est qu’une illusion
de plus, une coquille vide accrochée au fronton de la «République».
Devant cette situation, la presse privée tente de proposer une autre
solution et de jouer ainsi son rôle de catalyseur des revendications du peuple.
Mais vite elle prend conscience qu’il existe une ligne jaune à ne pas
franchir, et au-delà de laquelle son existence même se retrouverait menacée.
Echapper aux ciseaux de la censure
La Toile est devenue ce perchoir relativement libre, offert aux «oubliés»
de l’Unique (ENTV) et de ses autres pendants de propagandes d’Etat.
Il suffit d’un caméscope ou d’un téléphone portable pour créer l’événement
et échapper aux ciseaux de la censure.
En effet, que ce soit sur Youtube,
plateforme pour vidéobloggeurs, Dailymotion, Facebook ou autres blogs
classiques, les Algériens ont pris leurs aises dans ces réseaux sociaux pour
exercer ce droit de liberté d’expression qu’on leur refuse en Algérie.
Via ce canal virtuel, les Algériens sont devenus, à l’instar d’autres
utilisateurs dans le monde, des citoyens journalistes, parfois sans même qu’ils
s’en rendent compte.
Internet a révolutionné les médias classiques dans le
monde. Qui de nos jours parmi les journalistes du monde occidental, ne tient
pas un blog pour servir à ses lecteurs des petites infos croustillantes, des
offs, des avant-goûts et des analyses que l’on ne trouve pas forcément en
regardant la télévision ou en lisant la presse?
Les journalistes algériens accusent en revanche un retard
certain dans ce domaine par rapport à leurs confrères d’outre-mer.
La voie de la liberté
Eux, plus que d’autres, devraient se mettre à la page, car
Internet leur offre une tribune ouverte
sur le monde pour tenir informer les lecteurs.
Certains de nos journalistes, curieux, s’adaptent à ce mouvement «in»
amorcé par des algériens locaux et de la diaspora, en créant des comptes sur des plateformes comme
Facebook où toute une communauté DZ (le nom de domaine en Algérie) existe et échange.
Ironie du sort, au lieu de créer le mouvement, nos faiseurs d’opinion
suivent le mouvement créé par ceux auxquels ils s’adressent, les lecteurs.
C’est le cas de le dire: c’est bien là l’histoire de l’élève qui dépasse
le maître. C’est cela aussi la magie d’Internet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire