Publication: 02/10/2012 - Le Huffington
Post
Journaliste
C'est vrai ça... Que donnerait la vie sans journaux, sans radio, sans
journal télévisé? Le journalisme est-il aussi utile que ça? On gagnerait en
tranquillité sans toutes ces alertes sur nos smartphones, non?
"Un monde sans journalistes", c'était justement le thème de
la première édition des Assises du journalisme, à Lille, en 2003, et déjà à l'époque mes confrères
n'étaient pas les "héros de la nation".
Encore aujourd'hui, nous sommes autant critiqués que les sélectionneurs
de l'équipe de France de football. Et pour s'en rendre compte, rien de tel que
de regarder un journal télévisé avec ses amis:
"Franchement ils
parlent tous de la même façon"; "Non mais ils sont allés la chercher
où cette histoire?"; "Il y a encore des gens qui meurent de faim dans
le monde... J'en ai rien à faire du sabotier du Tarn"; "Vous êtes
tous les mêmes de toute façon"; "Je t'aime bien hein, mais tu peux
m'expliquer pourquoi tu fais des sujets nuls comme ça?"; "Non mais ça
vaut pas France Inter"
Depuis un quart de siècle, le quotidien La Croix prend le pouls de cette relation entre citoyen et médias,
et en 2012, à peine un Français sur deux déclarait faire confiance aux
journalistes. Alors que la
radio reste le média préféré en France, Internet gagne progressivement les
faveurs des lecteurs: disponible partout et tout le temps, sur une multitude de
supports (téléphone, tablette, ordinateur), l'information devient portable,
mouvante.
Aujourd'hui c'est le grand défi de la presse écrite: trouver les moyens
de continuer à informer, tout en s'adaptant à des supports qui se multiplient.
Le Spiegel, The Guardian, El Pais,
Le Monde, le New York Times... aujourd'hui aucun titre n'a trouvé la solution.
Ils tâtonnent, essaient de combiner cette presse écrite, ces journaux imprimés,
avec cette grande cour de récréation qu'est Internet.
Et cette réflexion
permanente, dans les open space du monde entier, a fait l'objet d'un
documentaire: Page One Inside dévoile
les coulisses du New York Times,
l'un des plus prestigieux journal, lui aussi confronté aux défis de
l'information sur le Net.
L'Internet
sauvera le journalisme algérien
Le culte du gratuit
Internet impose une révolution de l'information. Mais comment la
financer? Les annonceurs boudent les publications, les lecteurs achètent de
moins en moins le journal, et Internet, toujours ce diable d'Internet, est le
royaume du gratuit. Seulement l'information coûte cher à produire.
Il y a un monde entre XXI, les enquêtes d'Envoyé Spécial et le bâtonnage de dépêche, en tout cas du côté du
journaliste. Certains lecteurs se contentent d'un gratuit, attrapé à une bouche
de métro, sur une place ou sous un abribus. D'autres non.
Dans les rédactions, la crise économique incite à la contraction, peu
sont celles qui prennent le risque d'embaucher. Des titres prestigieux -du moins dans les années 1960-
disparaissent mais tout n'est
pas perdu, loin de là.
Car cette période un
peu trouble, c'est aussi l'opportunité pour de nouveaux médias de percer : des pure-players comme Rue 89, Mediapart, Owni, le Huffington Post, Slate...,
la multiplication des blogs, les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, qui
eux aussi contribuent à façonner une nouvelle information. Si aujourd'hui nous
sommes encore dans l'expectative, de peur de tirer trop vite des conclusions,
ces nouvelles Assises du journalisme devraient nous permettre d'y voir un peu
plus clair dans ce panorama si bouillonnant.
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